16 novembre 2012
La veillée de l'association Florus du 16 novembre 2012, dans le hall de la salle des fêtes, avait pour thème une affaire dont on parle encore dans le département de l’Aude et bien au-delà…Jean-Claude Rivière, archéologue médiéviste, nous a en effet initiés aux mystères de Rennes-le-Château qui a fait couler et qui continue encore à faire couler beaucoup d’encre, et aux secrets, que certains disent imaginaires, de l’abbé Saunière.
De quoi s'agit-il ?
Le cadre : Rennes-le-Château, petit village de l'Aude bâti sur le site d'un oppidum du VIIIème siècle av JC, capitale carolingienne du comté de Razès et dont le château est posé en équilibre au bord d’une falaise. Ce village, jusqu’à la nomination et l'installation dans la paroisse de l'abbé Saunière, était inconnu hors du canton et de la région.
La vedette : l'abbé Bérenger Saunière, simplement dénommé l’abbé Saunière dans les ouvrages historiques et de fiction ou les reportages de presse, prêtre, né le 11 avril 1852 à Montazels, dans l’Aude, et mort le 22 Janvier 1917 à Rennes-le-Château.
Les faits: l’abbé Saunière, par ses réalisations immobilières et ses aménagements, notamment dans le voisinage immédiat de l’église paroissiale de sainte Marie-Madeleine, a profondément modifié la physionomie architecturale et la vie des habitants de ce petit village.
La question et le mythe: d’où provenait l’argent qui a permis à cet homme de rénover son église et de construire à proximité un vaste domaine immobilier?
Reprenons l'exposé dans l'ordre chronologique.
En 1881, l'église de Rennes-le-Château était dans un triste état : clocher lézardé, toitures de l'édifice lui-même et du presbytère à refaire, maître-autel à changer.
L'abbé Saunière est nommé curé de Rennes-le-Château en 1885. L'affaire débute en 1891 avec des rumeurs de la découverte par l'abbé d’objets de valeurs ou de parchemins, voire les deux, lorsqu’il entreprend des travaux de rénovation de son église. En 1901, il construit sur des terrains qu'il achète au nom de sa servante, Marie Dénarnaud, villa, tour, parc. Il aura ainsi dépensé, durant son ministère, d’importantes sommes d’argent dont le montant, la nature et l’origine exacts restent inconnus. Cet enrichissement personnel reste étroitement associé, dans l’imaginaire collectif, à la découverte par cet homme d’un hypothétique trésor sur le site même du village.
Diverses origines ont été avancées pour expliquer l'origine de ce trésor. Sont fréquemment cités :
– le pillage du sanctuaire d'Apollon à Delphes (279 av JC)
– le sac de Rome par les Wisigoths d'Alaric (455)
– le trésor des Cathares échappés du sac de Montségur (1244)
– la mise à l'abri du trésor royal par Blanche de Castille lors du départ à la croisade de son fils, le roi Saint-Louis (1249)
– le trésor des Templiers, au moment de leur procès intenté par Philippe-le-Bel (1307-1314).
En réalité, il n'y a jamais eu de trésor… La vérité serait plus prosaïque : l'abbé Saunière aurait financé ses travaux par des trafics de messe, des pillages de tombes, des détournements de fonds, des emprunts et des donations. Il a en effet subi une «suspense a divinis » au cours de l’enquête ouverte par sa hiérarchie religieuse pour trafic de messes, punition grave pour un prêtre en exercice. Par ailleurs, l’abbé a eu toujours beaucoup de mal à s’expliquer sur l’origine de sa supposée fortune, refusant de donner des justifications claires et détaillées.
Toute l'affaire a été montée par Noël Corbu, héritier en 1953 des biens de la servante de l'abbé, dont une villa qu'il a transformée en hôtel-restaurant, l'hôtel de la Tour. Pour faire de la publicité à son établissement et attirer la clientèle, aidé par diverses personnalités plus ou moins connues : humoristes, comédiens, dessinateurs, journalistes et romanciers, Noël Corbu a monté et lancé la légende du « trésor caché » de Rennes-le-Château. L'enrichissement supposé dû à ce trésor et l'origine mythique de ce trésor ont été nourris et enjolivés par de nombreux récits de fiction, articles de presse, reportages de télévision et enquêtes diverses, d’origines française et étrangère. Conséquence : l’abbé Saunière et surtout la commune de Rennes-le-Château ont acquis une renommée internationale, en Europe et dans les pays anglo-saxons.
Résultat : plus de 30 000 visiteurs par an défilent dans cette petite commune, dont des chercheurs du trésor caché : les dégâts sont tels qu'en 1965, un arrêté municipal interdit les fouilles sur le territoire de la commune.Ainsi qu'une foule de passionnés et illuminés d'origines diverses : occultistes, ufologues et autres…
N'oublions pas qu'à proximité de Rennes-le-Château, il y a le pic de Bugarach. Site mythique d'un trésor caché, visité par des OVNI. Et lieu de rendez-vous en 2012 des adeptes du calendrier maya, réfugiés au village pour échapper à la destruction du Monde.
Que doit-on conclure ? Ou bien l'abbé Saunière a trouvé le trésor, et il n'y a plus de raison de le chercher ; ou bien il a financé ses travaux autrement, et il n'y a pas de raison de chercher un trésor… Un bel exemple de la crédulité humaine…
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