Association Florus Histoire et patrimoine de Flourens

2011 Veillée : les Cathares

4 novembre 2011

Les Cathares Jordi Flourens

La soirée, organisée part Florus à la salle des fêtes de Flourens le vendredi 4 novembre 2011 débute par un reportage vidéo sur Montségur. Excellente introduction au récit de notre conférencier, l’abbé Georges Passerat, professeur d’histoire médiévale à l’université catholique de Toulouse, qui, à son habitude, va passionner la nombreuse assistance. En ayant recours à aucune note…

La trame historique sur laquelle s’est appuyé Georges Passerat provient de la « Pastorale des réalités du tourisme et des loisirs du diocèse de Pamiers », édité en 1985 par Michel Carayol et Georges Passerat..

Le site de Montségur (en occitan : le Mont sûr) semble défier les siècles. Toute une série de fantasmes, élaborés à partir de  « l'Histoire des Albigeois » du pasteur protestant Napoléon Peyrat (1809-1881), y sont accrochés, en particulier les élucubrations ésotériques des cultes solaires. C'est tout de même ce pasteur qui aura fait ressortir les Cathares du « placard de l'Histoire ».
Des historiens sérieux ont de nos jours éclairé cette époque troublée : Jean Duvernoy, Michel Roquebert ou Anne Brenon. En parcourant les milliers de pages des registres laissés par les inquisiteurs lancés dans la chasse de l'hérétique, on peut retrouver les vraies croyances de ces Cathares entraînés par « les Bonshommes » ou « les Parfaits » qui jouaient le rôle de prêtres, cerner leur vie quotidienne, écouter les prédications de Pierre Authié ou accompagner Bernard Bélibaste dans sa longue fuite pour échapper à ses poursuivants.

On saisit ainsi, à travers les textes, une doctrine particulière basée sur un évangélisme strict et une recherche de la pauvreté et de la pureté, qui fait du catharisme une forme de christianisme médiéval. Car les Cathares (du grec catharos, pur) sont chrétiens et ils n'ont rien à voir avec le manichéisme ou des doctrines orientales. Ils proposent une interprétation de l'origine du Mal qui oppose deux créations : la bonne et la mauvaise. Leur conception du Christ les éloignent de la religion catholique. Rejetant les principaux éléments de la Révélation, ils refusent aussi la croix et l'eucharistie, pratiquent le « Consolatum » ou « Baptême d'Esprit » et contestent fortement la vie du clergé de l'époque.

Ils étaient donc une menace pour l'Eglise de Rome en se présentant comme une véritable contre-église avec sa hiérarchie et ses prédications. En raison de l'échec des prédicateurs comme saint Dominique, des vains essais de conciliation (colloque de Pamiers en 1207) et de l'assassinat de son légat en 1208, le pape Innocent III se décide à recourir à la force. Appuyée par le roi Philippe Auguste, la première croisade contre les Albigeois débute en 1209 et s'achèvera en 1218. Son chef, Simon de Montfort, établit les chevaliers de l'Ile de France dans les terres confisquées après de nombreuses batailles et sièges de places fortes. Différencier, au cours de ces combats, les Cathares des autres chrétiens n'est pas toujours simple : « Tuez les tous ! Dieu reconnaîtra les siens ! » aurait dit Arnaud Amaury, évêque de Cireaux. Une paix précaire s'installe.

En 1226, l'armée du roi Louis VIII reprend la guerre : c'est la deuxième croisade contre les Albigeois. En 1229, le nouveau pape Gregoire IX envoie son légat Romain de Saint-Ange à Paris pour négocier une paix. Finalement un accord se dessine et le traité de Meaux est signé entre le roi de France Louis VIII et le comte Raymond VII de Toulouse le 12 avril 1229.

Mais le catharisme n'a pas disparu. Le tribunal d'inquisition, confié aux Dominicains en 1233, suscite dans le peuple un sentiment unanime de réprobation.  Des juges de ce tribunal sont assassinés à Avignon par les Cathares en 1242. Cependant, la paix est finalement signée en 1243 à Lorris. Mais il faudra encore allumer le gigantesque bûcher pour les 200 hérétiques du château de Montségur qui auront résisté jusqu'à l'assaut final porté en 1244 par des intrépides grimpeurs de falaise, pour mettre un point final à l'histoire des Cathares.

Pourtant, 100 après, au début du XIVème siècle, la foi cathare se réveille dans le Sabarthès avec Pierre Authié, notaire d'Ax-les-Thermes, devenu “Parfait”. La répression s'organise et les arrestations sont nombreuses, comme celle des habitants de Montaillou en 1308. L'histoire s'achèvera définitivement avec le dernier bûcher allumé en 1329.

On ne peut parler des Cathares qu'avec respect, et même avec un brin de compassion pour ces hommes et ces femmes qui ont témoigné, jusqu'au sacrifice suprême, leur attachement à une vérité évangélique qu'ils incarnaient dans leur vie, toute dépouillée et empreinte de lumière.

L'histoire des Cathares peut être résumée en quelques dates :

1145 Le pays toulousain est largement touché par le catharisme.Les Cathares Flourens
1167 Concile cathare de Saint-Félix de Caraman.
1206 Début de la prédication de Saint Dominique.
1209 Début de la croisade dite des Albigeois ; Sac de Béziers ;
Prise de Carcassonne ; Premier bucher d’hérétiques à Castres.
1212 Statuts de Pamiers.
1213 Bataille de Muret.
1218 Mort de Simon de Montfort.
1226 Croisade du roi Louis VIII.
1229 Capitulation de Raymond VII. Création en l’université de Toulouse. Concile de Toulouse codifiant la répression de l’hérésie. Les Parfaits entrent dans la clandestinité.
1233 Le pape Grégoire IX confie l’inquisition aux frères prêcheurs.
1242 à 1244 Meurtre d’inquisiteurs et de leur suite à Avignonnet. Prise de Montségur et bûcher de deux cents parfaits et parfaites.
1271 Rattachement du Comté de Toulouse au domaine royal.
1310 Pierre Authié est brûlé à Toulouse.
1318 à 1325 Campagne d’inquisition de Jacques Fournier, évêque de Pamiers.
1321 Mort sur le bûcher de Guilhem Belibaste à Villerouge-Termenes (Aude).
1329 Dernier bûcher de croyants Cathares à Carcassonne.

Ainsi, au XIVème siècle, la puissance et la cohésion de l'Église furent renforcées, et des provinces du Sud se trouvèrent rattachées à la France. La grandeur et l'unité du pays et de l'Eglise furent obtenues au moyen de massacres et de bûchers…qu'il ne faut pas passer sous silence et qu'il convient de dénoncer 800 ans après !

La soirée s’est terminée par le pot de l’amitié durant lequel Georges Passerat a répondu à de nombreuses questions…ce qui a démontré tout l'intérêt qu’à suscité le sujet .