27 avril 2002
C'est le 27 avril 2002 que l'Association Florus inaugure la série de conférences, d'entretiens et de veillées qui constitue l'un de ses objectifs importants: présenter aux habitants de Flourens la richesse et les particularités de leur environnement géographique, historique et culturel.
Ce jour-là, et avec le concours de la bibliothèque de Flourens, l'Association Florus a accueilli Jean Odol. Cet agrégé de géographie, ancien inspecteur d'Académie, va présenter le Lauragais. Grand spécialiste de cette région, auteur du livre « Le Lauragais, pays des Cathares et du pastel » , Jean Odol a su captiver l'assistance en développant, ce qui fait ses caractéristiques: le pastel, les châteaux, le Canal du Midi et le vent d’autan.
Que faut-il en retenir ?
Le Lauragais, d'une superficie de 2 400 km², s’étend des portes de Toulouse à Castelnaudary, de Verfeil-Puylaurens à Auterive, Belpech et Fanjeaux.
Historiens et géographes n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur ces frontières qui manquent de précision. Articulé autour de l’axe central du Canal du Midi, le Lauragais est à cheval sur quatre départements : Aude, Ariège, Haute-Garonne et Tarn. Il était fortement peuplé jusqu’à la guerre de 1914-1918, qui a sonné le glas de cette région paysanne et occitanophone. Il faudra attendre les années 1960-1970 pour que le Lauragais connaisse à nouveau un important essor démographique, sous l’influence de la métropole régionale toulousaine.Ce territoire a forgé son identité au fil du temps. Son nom vient du Pays de Laurac, région dont Laurac était le castrum. Laurac a été capitale du XIème au XIIIème siècle, avant que Castelnaudary et Saint-Papoul ne le deviennent à leur tour.
La trace la plus marquante de ce passé reste bien sûr le Moyen âge, période où l’imprégnation cathare a été particulièrement importante. Les dogmes défendus par cette hérésie la firent rapidement rejeter par Rome qui soumit alors la région à une terrible répression. La première étape, « la Croisade contre les albigeois » visait à ramener les hérétiques sur le chemin de la foi catholique. De 1209 à 1229, le Lauragais sera le théatre tragique de multiples batailles entre le pouvoir central et les Inquisiteurs et les Cathares. Mais ce ne fut pas suffisant pour éliminer toutes les traces du catharisme et un siècle sera encore nécessaire pour venir à bout des hérétiques… En 1317, le Lauragais devint « évêché ». Il sera « comté » en 1477 sous Louis XI (Catherine de Médicis, lauragaise par sa mère, sera la plus célèbre de ses comtesses) et « sénéchaussée » à partir de 1554.
En 1789, ce sont les premières élections des députés aux États-Généraux. En 1791, la région est scindée en deux départements : Villefranche et Castelnaudary.
Il faudra attendre les années 1920-1925 pour que s’affirme l’identité locale : le pouvoir central demandera en effet de préciser l’appellation des communes. C’est avec empressement et fierté que certaines ajouteront alors la dénomination Lauragais à leur nom: naissent Montbrun-Lauragais, Belbèze-Lauragais et Montégut-Lauragais.
Une telle fierté est née d'un passé à la richesse exceptionnelle: le Lauragais, c'est en effet le « Pays de Cocagne », le pays du mythique « pastel ». Cette plante, dont on extrayait une teinture, le fameux « bleu-pastel », contribua jadis à l’essor du commerce international et a fait la fortune du pays. Son apogée se situe entre 1462 et 1562, « siècle d’or » où se sont bâties d’immenses fortunes. La construction des châteaux des « Princes du pastel » a marqué très fortement l’architecture locale.
L’activité économique du Lauragais est bien sûr marquée par une agriculture particulièrement riche. Le Lauragais est le pays du froment, de la laine, de la viande. Dans cette région agricole, l’eau a forcément une place importante. Le canal du Midi, monumentale construction inaugurée en mai 1681, fait aujourd’hui partie du patrimoine de l’humanité de l’UNESCO et constitue une attraction touristique exceptionnelle.
Le Lauragais est également un pays aux industries florissantes. Qu'il s'agisse d' industries traditionnelles: manufactures de briques autour de Castelnaudary, travail du cuivre à Durfort, fabriques de meubles à Revel ou des activités modernes avec notamment la trés dynamyque zone d’activités « Innopole » à Labège qui, en une seule décennie, a créé plusieurs milliers d’emplois dans le service aux entreprises, en particulier dans l’informatique.
Pour conclure cet inventaire, qu'en est-il du vent d'autan ? Il est particulier à toute la région, ce couloir qui s'étend entre, au sud, les Corbières et les hauteurs de l'Ariège, et, au nord, la Montagne Noire. Il provient de la Méditerranée, d'où son nom : le latin « altanus ventus » signifie en effet « vent qui souffle de la mer ». Il est opposé à la tramontane. Dans les temps anciens, il faisait tourner les moulins. Comme il sévit près de 3 mois par an et qu'il est très désagréable, il est surnommé « le vent qui rend fou… »