18 mai 2015
Parler de la Réforme du XVIème siècle à Flourens n’était pas très évident ! Et pourtant, l’Association Florus n’a pas hésité à proposer un tel sujet lors de sa veillée de printemps, le jeudi 9 avril 2015. Une cinquantaine de personnes s’était déplacée dans le hall de la salle des fêtes pour écouter Pierre Fabre, auteur du livre sur les chroniques des guerres de religion en Lauragais.
Le site : Ca sent encore le fagot en Lauragais et dans les contrées circonvoisines
Rappelons que l'antagonisme entre les deux religions chrétiennes en France, le catholicisme et le protestantisme, a donné lieu, entre 1520 et 1787, à des conflits meurtriers dans de nombreuses régions. Ces conflits, appelés « Guerres de religion », ont opposé les « Huguenots », adeptes de la Réforme, et les autorités royale et écclésiastique.
Le conférencier a évoqué tout d'abord le développement d'une hérésie opposée au catholicisme que la région toulousaine avait déjà connu. En effet, entre 1145 et 1329, période sanglante marquée par une extrème violence, le catharisme s'est implanté, a grandi, puis a été maté par les rois de France et les papes. Cette opposition aux autorités dans cette région n'était donc pas nouvelle lorsque, à partir de 1528, soit 200 ans plus tard, de nouveaux événements horribles ont marqué l'apparition, puis surtout l'expansion de la Réforme à Toulouse et dans le Lauragais, ainsi que dans la France entière.
Rappel de quelques évènements
1528 : l'université de Toulouse commence à propager la doctrine de Luther. En ce début du XVIème siècle, c'est l'âge d'or de la culture du pastel. Les bourgeois toulousains que le pastel a enrichis sont bientôt attirés par le calvinisme ; les paysans, eux, restent attachés à leur catholicisme et à leurs clochers.
Entre 1561 et 1563 : à Castelnaudary et à Revel, les protestants transforment quelques églises en temples, mais des massacres de catholiques ne tardent pas à y être perpétrés. L'édit d'Amboise en 1563 rétablit un calme relatif.
Entre 1567 et 1570 : les offensives des Huguenots reprennent. Les villages et le monde rural ne sont pas épargnés. Les ravages ont été dévastateurs à Castres, Lavaur, Verfeil, Bourg-Saint-Bernard, Caraman. L'armée des Princes, le Prince de Condé, tête de file des protestants, et Henri de Navarre, le futur Henri IV, ravage le Lauragais. Flourens n’a pas échappé à cette violence : quelques années plus tard, des écrits mentionnent que l’église n’a toujours pas de toit et est ouverte à toutes les intempéries.
23 août 1572 : le massacre des protestants à la saint Barthélémy entraîne, quelques jours après, l'assassinat de 300 prisonniers protestants à Toulouse. Les huguenots du Lauragais s'organisent dans les villes, mais les massacres de populations et les destructions de villages entiers commis par les deux camps persistent. Malgré des traités de paix successifs : édits de Beaulieu en 1576, de Poitiers en 1577, de Nérac en 1579.
Entre 1580 et 1589 : la trêve est rompue. Massacres et destructions reprennent. Deux pouvoirs s'affrontent : la Ligue, commandée par le maréchal de Joyeuse, et les huguenots, toujours dirigés par Henri de Navarre, le prince de Condé et le duc de Montmorency. En 1589, le roi Henri III est assassiné : Henri de Navarre, sous le nom d'Henti IV, lui succède.
Entre 1590 et 1596 : les armées des ligueurs, avec le maréchal de Joyeuse, et des huguenots, avec le duc de Montmorency, quelques jours après continuent à mettre le pays à feu et à sang. Il faudra attendre l'édit de Folembrai en 1596 pour que les ligueurs se soumettent à l'autorité royale d'Henri IV.
13 avril 1598 : l'édit de Nantes ou édit de tolérance marque la fin des hostilités. Il donne, entre autres, la liberté de culte aux protestants. La paix va régner pendant tout le règne d'Henri IV. Mais le Lauragais est dévasté.
De 1598 à 1787 : les rois qui vont succéder à Henri IV s'appuieront sur le pouvoir de l'Eglise pour essayer d'éradiquer le protestantisme en France. La révocation de l'édit de Nantes en 1685 en est une des preuves. Et il faudra attendre 1787 pour que les protestants puissent enfin exister en tant que Français, en ayant droit à un état civil. Ce qui mettra fin à plus de 250 ans d'affrontements meurtriers.
En fin de soirée, Jean-Pierre Nestor Bonifas a proposé un quizz à notre sagacité : quelles sont les expressions de notre langage courant actuel qui sont issues de cette période ?
L'Association Florus doit compléter son information sur l'histoire de cette période dans notre région. Nous espérons en particulier découvrir l’origine et les conditions de la construction de l’église saint Martin.
Voilà un nouveau programme de recherches pour notre Association qui, depuis plus de douze ans, trouve des sujets d'intérêt à découvrir et à partager avec ses adhérents, ses amis fidèles et les Flourensois.