19 juin 2004
Le public toulousain est invité à découvrir les fouilles du Grand Prieuré des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem à Toulouse le dimanche 25 janvier 2004.
Depuis septembre 2003 a débuté à Toulouse la fouille archéologique de l’ancien cimetière des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. L’opération est conduite par M. Didier Rigal de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) sur prescription de l’État (Drac/Service régional de l’archéologie de Midi-Pyrénées).
L’équipe, constituée d’une vingtaine d’archéologues, opère à l’emplacement du futur parc de stationnement souterrain de la Direction régionale des affaires culturelles de Midi-Pyrénées.
Cette fouille préventive s’achèvera en mai 2004. Simultanément une équipe réalise l’étude des élévations médiévales et du XVIIème siècle dans l’ancien Grand Prieuré des Hospitaliers, à l’ouest du cimetière. Ce bâtiment, aujourd’hui plus connu sous le nom d’Hôtel Saint-Jean, est en cours de réhabilitation pour accueillir les services de la Drac en 2005.
L’Hôtel Saint-Jean, un site exceptionnel :
Au début du XIIème siècle, les Hospitaliers se voient attribuer l’église Saint-Rémy, connue à partir du XIVème siècle, sous le vocable d’église Saint-Jean. À cette époque, l’Ordre connaît une large période d’expansion liée, d’une part, au transfert, en 1314, des biens des Templiers et, d’autre part, à l’attribution en 1315, du rang de Grand Prieuré. Par le biais d’acquisitions et de donations répétées, leur établissement se compose peu à peu d’un cloître, d’un cimetière, d’un hôpital et d’une haute tour fortifiée. En 1996, en amont des travaux d’aménagement actuels, le Service régional de l’archéologie effectuait des évaluations archéologiques sur le site. C’est en 1997, durant ces phases d’investigation, que furent découverts deux enfeus. Un « enfeu » est une niche funéraire ménagée dans le mur d'un édifice religieux, tombeau généralement réservé aux nobles
L’un abrite un sarcophage au couvercle sculpté d’une gisante, l’autre est remarquable par ses peintures polychromes. Ces enfeus, en cours de restauration, sont momentanément inaccessibles au public. L’ensemble des découvertes montrant l’intérêt scientifique exceptionnel de la totalité du site, le Service régional de l’archéologie décidait de réaliser cette opération de fouille préventive sur le cimetière.
Découvertes au cimetière des Hospitaliers:
La partie supérieure des terrains a livré, pour l’essentiel, les dernières phases d’utilisation du cimetière que les textes mentionnent en usage entre le XIIème siècle et le début du XVIIème siècle. Durant ces 3 premiers mois de fouilles, plus de 500 sépultures ont été mises au jour, le plus souvent des inhumations simples, parfois en cercueil, plus rarement dans des tombes maçonnées en brique dont deux possédaient leurs dalles de couverture avec des inscriptions gravées. Les niveaux fouillés jusqu’à ce jour ont livré une proportion importante (40%) de sujets immatures. L’un des intérêts de ce cimetière est que ses limites sont quasiment circonscrites dans l’emprise de la fouille ; les premiers résultats s’accordent avec les limites indiquées dans les textes. Sa superficie est d’environ 725 m². Un sondage de reconnaissance réalisé au centre du cimetière indique que ce dernier atteint une épaisseur de 2 m, avec une concentration manifestement plus dense dans les premières phases d’utilisation. Les vestiges les plus anciens, très ponctuellement atteints à l’heure actuelle, sont attribuables à l’époque gallo-romaine. Il s’agit d’un niveau de galets compactés, sans doute les restes d’un tronçon de voirie orientée est-ouest. Il constituerait le premier decumanus archéologiquement attesté à ToIosa, Toulouse antique.
Un programme de recherches sur plusieurs années:
Dès1999, la richesse exceptionnelle du site avait montré la nécessité d’une approche pluridisciplinaire. En mai 2000, la Commission interrégionale de la recherche archéologique approuvait un projet collectif de recherche portant sur le Grand Prieuré dans sa globalité, depuis ses origines jusqu’à la période contemporaine. Placé sous la responsabilité de Nelly Pousthomis, ce programme réunit une équipe d’une trentaine de chercheurs dont les domaines d’intervention sont complémentaires : recherches en archives, histoire de l’art, archéologie funéraire, anthropologie, études paléo-environnementales. Le programme comporte des fouilles programmées en 2004, suivies d’analyses et d’études en 2005 et 2006.
Dans un Enfeu, le sarcophage sculpté de la belle gisante dont le nom nous est inconnu